Ils me sont fidèles :

DÅPEN MIN

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Merci à vous tous, vous qui avez rendu cela possible!
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DAGEN JEG DØDE PT. IV


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Ne cherchez cette fois pas le moindre rapport entre l'image et le texte. 
Je les dissocie sensiblement. 


 Le jour où je suis morte #4


______ Peu à peu, mon corps réincorpore mon esprit. Ils se reconnaissent finalement, se réapprivoisent. Je parviens à rassembler les quelques atomes de conscience en libre lévitation autour de mon cerveau, ayant de peu évité la noyade dans l'épais liquide céphalo-rachidien. Inconsciemment, j'en façonne de nouveaux. De nature tenace, c'est avec une opiniâtre ardeur que je me renseigne auprès des ergothérapeutes, neuropsychologues et autres noms d'oiseaux s'occupant de mon cas. Je veux à tout prix savoir ce qui m'est arrivé, ce que je risque précisément, pourquoi.  Ma soif  insatiable de connaissances reprend doucettement le dessus tandis que j'assimile petit à petit la notion de traumatisme crânien. J'en comprends les enjeux, les conséquences. Très vite, je prends conscience des différents échelons de sa gravité, de la chance démesurée dont j'ai bénéficié, comme si les nombreuses remarques des médecins experts ne me suffisaient guère.
J'ai perdu ma paire de chaussures lors de la collision. Mes fidèles bottes de sept lieues, elles, ne m'ont pas quittée. Je les déterre du profond caveau de ma conscience et c'est après avoir compris l'authentique sens du mot motivation que je les chausse. J'avance alors à pas de géant sur le sentier Ô combien escarpé qu'est celui de la rééducation pluridisciplinaire. Ma mémoire se fortifie, les trous noirs qui la jonchent se parsèment. En une vingtaine de jours, on me réapprend la marche et, si tôt que mes yeux sont prêts, on me réenseigne l'écriture et la lecture ; ces rudiments quotidiens, ces automatismes qui, une fois acquis, s'oublient, s'effectuent machinalement et paraissent anodins. J'en mesure l'étonnante délicatesse. J'oeuvre sur ma petite personne comme un architecte travaille savamment les plans du château de son roi. Je prends du recul et de la distance en aussi peu de temps qu'il en faut pour le dire. En un mois, j'apprends ce que certains n'assimilent pas même en une vie toute entière ; la retenue, la contenance, la sagesse. Je lis ; j'écris, beaucoup. Rapidement, je relativise. Ce ténébreux chapitre de ma vie a semé en moi une graine d'idée qui s'est répandue dans mon esprit aussi vivement qu'un cancer. La vie n'a plus ni la même signification, ni le même but. Le bonheur, utopique concept auquel chaque être humain aspire, animant tous les débats philosophiques du millénaire, à la signification d'ordinaire si vague, si ampoulée me parle maintenant dans son ensemble. Un rien me fascine, un rien m'émerveille, je m'émeus et m'extasie de chacun de mes gestes. Chaque bouffée d'air est un cadeau. Mes cinq sens rééduqués sont en éveil ; j'en développe même un sixième : celui de la persévérance. Je suis en effet bien décidée à pénétrer les sombres abysses de mon âme afin de ramener chacune de mes capacités antérieures à la surface. Je refuse catégoriquement l'idée d'oublier, de perdre, de laisser s'égarer quelque part dans la nature la moitié de mon esprit.


Oui, je me battrai.



• Le jour où je suis morte ; pt. 1 
• Le jour où je suis morte ; pt. 2 
• Le jour où je suis morte ; pt. 3

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